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Les contraventions de jeunes habitants ruinent des familles


La verbalisation de jeunes habitants du 12e par la police se poursuit de façon très préoccupante. La « permanence contraventions » du collectif Place aux jeunes en témoigne : plus de 230 contraventions ont été analysées, représentant pas moins de 37.500 € d’amendes.

https://echosdu12.blogspot.com/
Suivant une pratique courante : trois contraventions pour trois motifs différents,
délivrées 
le même jour à la même heure à un seul jeune XX.
La verbalisation des jeunes habitants du 12e est un sujet très préoccupant pour le collectif Place aux Jeunes : le montant d’amendes accumulé par certains jeunes atteint parfois plusieurs milliers d’euros. C'est un facteur grave de fragilisation des foyers aux revenus modestes. De plus, l’impossibilité dans laquelle se trouvent certains d’entre ces jeunes de régler les amendes et leurs majorations compliquent leur insertion professionnelle et les rendent plus vulnérables à l’économie parallèle.
Un premier échantillon de verbalisations au cours des années 2017-2018 (1er semestre) avait mis en évidence comment une verbalisation pouvait conduire à cinq amendes représentant pas moins de 270 € pour le jeune habitant verbalisé.
Par ailleurs, il était fréquent qu’une unique verbalisation qui regroupait 2 et souvent 3 amendes pour plusieurs motifs de troubles à l’ordre public - tapage, dépôt d’ordure, déversement de liquide insalubre - soit systématiquement adressée à chacun des jeunes du groupe verbalisé, représentant 204 € de contravention (68 € par contravention). Voir notre article du 9 octobre 2018 sur le blog. 

But évincer les "indésirables" de l'espace public ?

Un second échantillon, portant cette fois sur la période 2018 (2e semestre)-2019, a confirmé cette pratique de verbalisation. Les jeunes habitants la jugent particulièrement injuste quand ils n’ont eu aucune part aux désordres qui leur sont reprochés (cf. ci-dessous témoignages).
L'article de la sociologue Magda Boutros du 25 septembre 2018 paru sur le blog echosdu12.fr a mis en lumière, dans un contexte de gentrification de nombreux quartiers de Paris, une tendance à mobiliser les forces de police pour évincer des « indésirables » de l’espace public. Qui sont ces indésirables ? Des jeunes, pour la plupart issus de l’immigration, habitant depuis leur enfance ces îlots populaires et dont le voisinage insupporte des résidents nouvellement installés. 

Pas d'amende aux terrasses de café

La pratique de verbalisation que nous dénonçons apparaît particulièrement discriminatoire quand on sait qu’à quelques blocs d’immeubles de là, les terrasses des cafés sont pleines de clients fumant et discutant bruyamment jusqu’à tard dans la nuit, sans que cela ne donne lieu à verbalisation individuelle sauf exception.
Un travail de recherche en sociologie, mené par Aline Daillère, est en cours sur la base des informations recueillies par le collectif Place aux jeunes dans le cadre de sa permanence « contraventions ». Dans le 12e arrondissement de Paris, plus de 230 contraventions ont été analysées, représentant pas moins de 37.500 € d’amendes (y compris celles reçus par les conducteurs et passagers de scooters) concernant une quarantaine de jeunes habitants des quartiers Reuilly-Montgallet-Daumesnil.
Semaine après semaine, les blessures en quête de réparation, les mots de ces maux s’égrènent à la permanence "contraventions",  (un vendredi sur deux, à 18h30 à l'Espace public numérique, 8 place Henri Fresnay, Paris 12e).

Ces requêtes dont le flot ne tarit pas, m'ont inspiré, au sortir d’une permanence, cette
« Complainte du verbalisé » :

Je revenais de Belleville
avec mes amis ;
avant de se quitter
on échangeait quelques mots.
Les policiers sont arrivés ;
sans descendre de voiture,
ils nous ont braqués,
avec les lampes torche,
moi et mes amis.
On a quitté les lieux,
la voiture nous a suivis
leurs faisceaux toujours rivés
sur nos pas.
Deux jours après on a reçu
six contraventions par la poste,
dépôt d’ordure, tapage, bruit
trois cent euros
pour moi et mes amis.

Je conteste vigoureusement,
je proteste fermement,
je m’insurge en citoyen
contre ces amendes,
mais rien.

J’étais parti pour l’épicerie
où j’achète mes cigarettes à l’unité
car je n’ai jamais assez
pour me payer un paquet.
A la sortie du métro
des jeunes noirs se faisaient contrôler ;
est-ce parce que je suis noir aussi,
les policiers m’ont arrêté.
Le contrôle s’est bien passé,
pourtant deux jours après je recevais
des amendes pour tapage diurne
et déversement
de liquide insalubre.

Non je n’ai pas uriné,
non je n’ai pas injurié,
je voulais seulement économiser
quelques centimes
car je suis fauché.

Je fumais ma cigarette
tranquille en bas de chez moi,
les policiers m’ont contrôlé
je n’avais rien à me reprocher.
Pourtant deux jours après
j’ai reçu une contravention
pour violation de l’interdiction
de fumer dans un endroit public.
Pourquoi s’acharnent-ils ainsi ?
Je n’ose plus sortir de chez moi,
j’ai l’impression que dès qu’on me voit
j’y ai droit.

Il faudra que j’arrête de fumer,
il faudra que j’arrête de bouger,
il faudra que j’arrête d’exister.

Théophile Barbu, LDH Paris 12e, membre du collectif Place aux jeunes

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